- BRAILLE (L.)
- BRAILLE (L.)BRAILLE LOUIS (1809-1852)Professeur à l’Institution royale des jeunes aveugles de Paris, aveugle lui-même, Louis Braille a donné son nom à un système de notation en relief à l’usage des personnes atteintes de cécité et applicable à l’alphabet, aux signes mathématiques et au déchiffrement des partitions musicales. Né à Coupvray, en Seine-et-Marne, mort à Paris, Braille avait trois ans lorsque, se blessant accidentellement avec un outil que son père, sellier, avait laissé à sa portée, il perdit un œil, puis l’autre à la suite d’une infection. Il entra à dix ans à l’Institution des jeunes aveugles, où il se fit remarquer pour sa vive intelligence. À quinze ans, il obtint un poste de répétiteur.Peu après, il est nommé professeur de l’institution et, par ses qualités humaines et pédagogiques, acquiert l’amitié du directeur, le docteur Piguier. En 1829, il publie son Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l’usage des aveugles et disposé pour eux . C’est l’exposé d’une méthode mise au point dès 1826. En 1837, une deuxième édition parfait et simplifie la méthode. Un an plus tard, Braille édite en relief un Petit Mémento d’arithmétique à l’usage des commençants, contenant les nombres entiers et les fonctions décimales, suivi de cent problèmes . Atteint de phtisie en raison des conditions insalubres qui règnent dans l’Institution, il abandonne son poste en 1844, devient professeur de musique et écrit plusieurs traités. Il meurt à quarante-trois ans, tandis que son œuvre accède à une renommée internationale.Il existait avant Braille plusieurs tentatives en vue de faciliter la lecture et l’écriture chez les aveugles. Dès le début du XIXe siècle, Valentin Haüy (1745-1822) avait songé à employer un système de relief linéaire. Mais le véritable promoteur en ce domaine fut un militaire français, Charles Barbier, qui, partant d’un procédé en usage dans l’armée en campagne pour les messages chiffrés et appelé «écriture nocturne», imagina de le perfectionner dans l’intérêt des aveugles. Il répartissait vingt-cinq lettres de l’alphabet en une table de cinq colonnes de cinq lignes, et trente-six sons en six colonnes de six signes. Chaque son était représenté par deux chiffres, le premier indiquant le numéro de la ligne, le second le numéro de la colonne. Le système recueillit l’approbation d’Ampère et de Lacépède. Pourtant, Barbier s’était limité à une sonographie, estimant que les aveugles n’ont besoin ni d’orthographe ni de ponctuation. Trois ans après la découverte de Barbier (1823), Braille reprend le problème avec un plus grand souci pédagogique et culturel. Il réduit à six points, répartis en deux colonnes de trois, les douze points que le système de Barbier exigeait pour chaque signe. Les gros points, qui représentent les caractères alphabétiques, mathématiques et musicaux, sont en relief; les petits points servent à indiquer la position relative des gros dans chaque groupe de six. L’agencement des gros points compose une figure qui est aisément repérable tactilement et que l’usager apprend très vite à traduire en une lettre, un chiffre ou une note.Un moment accusé de plagiat, Braille conquit peu à peu l’estime de tous ceux qui avaient à cœur de faciliter l’accession des aveugles à l’écriture, à la lecture et à la composition. Barbier lui-même lui rendit hommage en 1833, reconnaissant dans le système de Braille une simplification qui en garantissait l’universalité. Redéfinie en 1878, l’écriture Braille est désormais en usage dans le monde entier et s’applique à toutes les langues. La publication par l’U.N.E.S.C.O., en 1954, de L’Écriture Braille dans le monde de Clutha Mackensie a marqué une étape importante dans le développement du système tactile. On compte désormais des machines à écrire Braille — dont la Perkins est le plus fréquemment utilisée —, des productions de cartes et diagrammes, des procédés de traitement de textes et de traduction automatique en caractères Braille.
Encyclopédie Universelle. 2012.